Le rôle du FMI et la sauvegarde de l’économie mondiale
Voilà 8 ans que le FMI est dirigé par des Français – Dominique Strauss-Kahn entre 2007 et 2011, Christine Lagarde depuis – sans qu’une majorité du public ait connaissance très précise des activités, du fonctionnement et du rôle du FMI. Quelle est cette institution si prestigieuse ? Quelles sont ses missions ? Et pourquoi les polémiques enflent-elles quant à ses décisions depuis quelques années, polémiques relancées à l’occasion de la crise grecque ?
Création et missions du FMI
Le FMI (Fonds monétaire international) est fondé en 1944, lors de la conférence de Bretton Woods. Son objectif est à la fois d’empêcher les grandes économies du monde de retomber dans une crise semblable à celles des années 30, et de permettre la conversion des différentes monnaies nationales en vue d’échanges économiques facilités.
À partir de 1973, la règle du jeu évolue. Les taux de changes fixes disparaissent, laissant la place à des taux flottants. Le rôle du FMI se recentre autour de l’aide aux pays en développement qui traversent des difficultés économiques.
Depuis, le rôle du FMI se focalise sur 3 missions primordiales :
- Promouvoir la stabilité économique et la croissance ;
- Prévenir les crises et aider à les résoudre quand elles adviennent ;
- Contribuer à la réduction de la pauvreté.
Fonctionnement
Le FMI est fort de 188 États membres. Chacun d’eux finance l’organisation par le biais d’une quote-part calculée sur la base de son poids économique. Les quotes-parts sont réévaluées tous les 5 ans afin de prendre en compte les changements. Plus la quote-part est élevée, plus le pays dispose de voix (donc d’influence) pour peser sur les décisions : c’est le système « un dollar, une voix ».
Basé à Washington, le Fonds réunit annuellement, pour l’Assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale, tous les représentants des États membres. Voici comment sa hiérarchie se décompose :
- Au sommet, on trouve le Conseil des gouverneurs des banques nationales ;
- 24 pays siègent au Comité monétaire et financier international, qui se réunit deux fois par an ;
- Le reste de l’année, un Conseil d’administration gère les affaires courantes.
Le rôle du FMI est incarné par son directeur général. Celui-ci pilote les services et préside le Conseil d’administration. Il est assisté de trois Directeurs généraux adjoints. Conformément à un accord passé en 1947, la distribution des places se fait de la manière suivante : le directeur du FMI est toujours un Européen ; celui de la Banque mondiale, toujours un Américain.
Le rôle du FMI : une main tendue… avec contreparties
Le premier rôle du FMI est donc d’aider un pays en difficulté, confronté à une crise financière – c’est-à-dire lorsque sa balance des paiements est en déficit parce qu’il dépense plus qu’il ne gagne.
Quand tout va bien, le déficit peut être comblé grâce aux réserves de devises convertibles possédées par la Banque centrale nationale. Le pays se trouve en situation de crise lorsqu’il est dans l’impossibilité de payer ses importations (assèchement des devises) et qu’il ne peut plus emprunter sur les marchés. Dans ce cas, il peut faire appel au FMI pour obtenir un prêt.
Ce prêt est délivré sous conditions : il s’agit, en contrepartie, d’appliquer un plan d’ajustement structurel décidé par le Fonds. En somme, de mettre en place des réformes économiques qui ont pour but d’éviter l’éclosion de nouvelles crises. Ces réformes se déclinent comme suit :
- Réduire les dépenses de l’État, notamment à travers des privatisations et une diminution des salaires des fonctionnaires ;
- Augmenter les recettes de l’État, principalement via des hausses d’impôts ;
- Ouvrir le marché intérieur aux investissements étrangers et au commerce international.
La rigueur économique, clé de voûte d’une sortie de crise ?
Ces conditions, décidées par le Fonds, imposent au pays emprunteur une politique de rigueur économique. Le FMI s’assure ainsi de trois choses : la remise à flot économique du pays ; son renforcement politique dans le but d’éviter de futures crises ; et le remboursement de l’emprunt contracté.
Au cours des 60 dernières années, les 5 principaux emprunteurs ont été :
- Le Mexique
- La Corée du Sud
- La Russie
- Le Brésil
- L’Argentine
Le Royaume-Uni, qui est aujourd’hui le 5e plus gros contributeur du FMI, figure en 6e position de cette liste du fait des besoins financiers nécessaires pour sa reconstruction à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Si la sortie de crise est notable dans certains cas (le Royaume-Uni, l’Argentine après une Dépression terrible au début des années 2000), elle se solde souvent par l’instauration d’un libéralisme dévorant, donc par un creusement des inégalités. Les exemples de la Russie et de la Corée du Sud sont très parlants à cet égard.
Critiques sur la légitimité et le rôle du FMI
Depuis la crise asiatique de 1997-1998, le rôle du FMI est soumis à un flot de critiques qui émanent à la fois des altermondialistes et de voix importantes du monde de l’économie. Ces critiques montrent surtout du doigt le manque de légitimité du Fonds dans un monde en pleine évolution.
Ainsi, seuls 12 pays détiennent 60% des quotes-parts, donc une majorité du pouvoir décisionnaire – le plus gros contributeur étant les États-Unis. De leur côté, les pays émergents estiment que leur quote-part est trop faible en regard de leur poids économique, comme si le baromètre s’était bloqué dans les années 70.
Surtout, c’est l’efficacité des mesures prises par l’institution qui est remise en cause. Dans La Grande désillusion, un livre rédigé après son passage à la vice-présidence de la Banque mondiale, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz accuse le FMI de privilégier les intérêts des États-Unis, qu’il surnomme le « principal actionnaire » du Fonds.
Il démontre également que les politiques imposées par le FMI – pendant la transition russe et la crise asiatique – ont souvent contribué à aggraver la situation économique de ces pays, entraînant des conséquences sociales terribles ainsi qu’une paupérisation rampante de la population. La crise grecque et sa gestion chaotique ont remis de l’huile sur le feu.
Vous le constatez : le rôle du FMI est complexe malgré la simplicité apparente de ses prérogatives. Ce n’est donc peut-être pas un hasard si la fiction a rejoint la réalité : dans la série et les films Mission : Impossible, le nom de l’agence, en anglais, est IMF (Impossible Mission Force)… Exactement comme le FMI : International Monetary Fund dans la langue de Shakespeare !
Faut-il croire que la tâche du FMI soit … impossible ?